JOURNAL INTIME (3)
Ecrit-on pour être lus ? Mais oui, bien sûr, sinon où serait l’intérêt ? Souhaite-t-on des commentaires ? Cela va de soi, qu’ils soient amicaux ou rébarbatifs ils continuent le dialogue sur toile. Ils permettent aussi de voir si on s’est engagés sur la bonne voie ou si on fait fausse route.
Car à côté de son rôle essentiel de « Journal intime », le blog est aussi une vitrine où l’on peut montrer ses œuvres : peintures, dessins, photos, poèmes ou tout autre. L’avis extérieur est toujours précieux. Le lecteur, la lectrice voient peut-être d‘un œil critique ce qui nous semble, sinon intéressant, du moins agréable. Et si on se trompait ? C’est le désintérêt pour ce que l’on expose qui souligne l’indifférence des autres et nous incite à revoir notre point de vue. A condition d’être de bonne foi.
Nous connaissons tous des blogs qui se ferment brusquement. Pourquoi ? Leur auteur le sait : fatigue, lassitude de tourner en rond, crainte de se répéter, crainte d’être « situé » alors qu’on recherche passionnément l’anonymat. Ou encore, simplement envie d’une autre façade, d’un rafraîchissement de présentation, d’une extension ou d’un rétrécissement des rubriques. Celles-ci ont la souplesse de l’accordéon : hier il y en avait douze, aujourd’hui elles sont réduites à quatre. Ou hier il y en avait quatre, aujourd’hui un coup de printemps les ramène à huit.
Le blog reflète la personnalité du bloggueur. Les artistes, les délicats, les compliqués, les désordonnés ou les simplificateurs se reconnaissent au premier coup d’œil : leur blog leur ressemble. Les bavards ouvrent des catégories si nombreuses qu’il devient fastidieux de visiter chacune. Les sobres se contentent d’un cadre immuable et des quelques rubriques qu’ils jugent nécessaires.
En fin de compte, le blog est devenu une part intégrante de notre vie. Ce n’est ni un bien, ni un mal : c’est un fait. Chacun l’utilise selon son cœur ou son envie. Il divulgue ou cache des sentiments, des craintes, des maladies et reçoit l’appui de lecteurs du bout de la terre. Il encourage, il réchauffe, il réconforte. Il brise une solitude morale et réconcilie quelquefois avec le monde. Ne serait-ce qu’à ce titre, il mérite d’exister.
LORRAINE