LE CHIC TYPE
Non, il n’a pas voulu. Il ne veut jamais d’ailleurs. Aucune arrière-pensée dans sa belle tête virile. Aucun projet. C’est un homme simple, qui traverse la vie amicalement.
Il a beaucoup d’amis, c’est vrai. Il plaît, comme ça, au premier regard. C’est un copain, il rend service, il rit à gorge déployée, les femmes le trouvent beau et il l’est.
Une beauté étrange, qu’il promène dans les rues du centre, sur les plages et dans les quartiers populaires aussi, car il n’a pas de préjugés. Quand il les regarde dans les yeux, ii trouble les jeunes filles, mais ce regard confirme les hommes dans leur conviction : "C’est un chic type ». Et puis , son absolue droiture les rassure :
« Un ami, c’est un ami. Jamais pour rien au monde, je ne toucherais la femme d’un autre. Il y en a assez qui sont libres ».
Ainsi, Régina, il l’a connue par hasard (lui ne prémédite jamais rien), dans une allée du Parc Royal. Il était assis devant le bassin où jouaient les enfants. Elle s’est assise à côté de lui et ils ont bavardé. Régina, c’était un oiseau, elle pépiait avec gaîté ; il aimait ses fossettes, sa jolie bouche et ce qu’elle racontait. Des riens, mais gentils.
Et puis il s’est mis à pleuvoir. Régina n’avait qu’un petit pull étroit sur sa robe légère.
- Tu as froid ?
- Un peu.
- Allez, viens, j’habite à côté, on va se faire un thé. Tu aimes le thé ?
Oui, donc elle l’a suivi. Alors, chez lui, il lui a enlevé son petit pull mouillé, sa robe légère. Elle disait :
« Non, pas ça... », elle voulait retenir sa robe mais elle font toutes ça. Alors, il l’a un peu secouée, elle a eu peur, il voulait seulement la réchauffer, elle n’a pas compris, il la trouvait si belle, il a voulu la calmer, la prendre dans ses bras, elle a crié...
Sa tendre gorge a palpité un instant. Puis elle s’est tue. Pour toujours. Maintenant il est calme. C’était comme un orage. Il va aller voir ses copains. Demain, il la couchera au fond du jardin. Une toute petite tombe. Régina avait huit ans. Comme Ghislaine...
LORRAINE