LE SOIR DESCEND
La rose de septembre s’épanouit sur le vieux pont. Une musique longe le fleuve, s’éloigne, revient. C’est un jouvenceau qui chante à la lune et sa chansonnette d’amour frappe à la porte des cœurs. Le fleuve va, calme, vers l’horizon. Rien ne bouge, l’heure sonne, un réverbère clignote au tournant de la ruelle.
Le vent se lève, les plis d’une jupe s’effarouchent en courant et s’engouffrent dans le long couloir qui mène à la table familiale. Le chat soupire.
Un brouillard arachnéen vient de la forêt, si léger qu’il voile à peine la vitre ternie. La barque oubliée clapote près de la rive, son reflet sombre agite paresseusement l’eau boueuse. Il ne pleut pas encore. Une femme pressée prie à lèvres closes, dans le fond de sa poche ses doigts égrainent le chapelet suranné.
Il est près de minuit. La fenêtre éteint sa lumière comme on ferme les yeux.
LORRAINE
Illusration: "Bruges" - Photo FDV Flickr