OCTOBRE
Le ciel est en voyage. Il passe par-dessus les jardins d’octobre, triomphant et doux comme un ciel de printemps, il balance les cimes des arbres et jusqu’à moi arrive la chanson des feuilles.
O sortilège d’automne, comme tu doses habilement le parfum et la couleur, l’illusion d’une saison qui vient et le déchirement d’une saison qui meurt. Matin léger comme un matin de mai, vent plus doux que la brise, je devine pourtant derrière vos séductions la froideur de novembre.
Un oiseau, très haut, bat des ailes puis plonge vers l’arbre qui l’accueille et se referme. Le vent est gai et bon. Il se nimbe du dernier soleil. Et moi, dans ma chambre lourde comme une prison, j’écoute par-dessus la ville monter la triste chanson de biniou que joue mal le musicien ambulant.