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ECLATS DE PAROLES
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ECLATS DE PAROLES
21 février 2010

LA CHANSON DE MONTAIGLE

(Texte écrit pour "Les Impromptus" dont la consigne demandait de situer un lieu et d'y faire parler trois personnages)

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 « Blandine, ma petite, ma jolie, viens avec moi… »


Dans le château de Montaigle, tout en haut de la tour, une plainte s’élève. Un sanglot, dirait-on, une prière portée par le vent, une souffrance ancienne, tenace. Celle du Seigneur Hugues tué par les Sarrasins et dont le fantôme, dit-on, apparaît les soirs de lune au sommet du donjon. Certains l’ont vu, clarté blanche évanescente qui effleure soudain les murs lézardés, la tour écroulée recouverte de mousse, pour illuminer un instant la chambre de l’amour. Blandine y a si longtemps attendu son Seigneur que ses cheveux blonds sont devenus blancs, ses mains douces toutes transparentes, sa délicate silhouette s’est effacée dans l’ombre humide des vieilles pierres. Inconsolable, Hugues rôde et supplie :

« Blandine, ma petite, ma jolie, viens avec moi… »


Les ruines du château dressent encore quelque muraille, un ancien rempart et tout en haut, la chambre d’amour. Mais la forêt écrase la montagne et nul n’atteint plus l’ancien chemin de ronde ou le pont-levis démantelé.


Ce soir-là, Violaine se posa dans la clairière. Elle avait beaucoup volé, sa robe phosphorescente scintillait comme une lanterne douce, ses petits pieds chaussés d’argent esquissèrent un pas de danse puis s’arrêtèrent. Une voix déchirante suppliait :

« Blandine, ma petite, ma jolie, viens avec moi… »


Violaine écouta vibrante d’attention. Un murmure flou s’amplifia, assourdi puis soudain étonnamment précis et elle entendit la complainte médiévale qu’une flûte traversière psalmodiait et les paroles :

« Ma Dame, à vos genoux, voyez-moi

  Humble dans ma ferveur

A vous aimer d’amour »


Elle fut soudain dans la grande salle aux torches allumées, où la châtelaine entourée de sa suite écoutait en occitan la cantilène du troubadour :

« Sous la lune assombrie

  Le ciel espère encore` 

Le Seigneur harnaché

Reviendra au logis

Dame de tous ses rêves »…


Violaine leva les yeux. Là-haut, une clarté blanche évanescente effleurait le château. Et une voix déchirait l’écho : « Blandine…Blandine.. ; »

Violaine tendit le bras et murmura quelques mots indistincts. Alors, dans son pourpoint de velours noir, Hugues de Montaigle saisit, éperdu, sa bien-aimée contre son cœur et dans l’élan de son coursier disparut avec elle pour toujours au pays du bonheur.


La fée Violaine venait de conjurer le sort. Je n’y étais pas, je ne puis donc rien certifier. Mais depuis, plus personne n’entendit la voix du fantôme qui pleurait dans la nuit.


LORRAINE


bouclier

ma_dame

 

  

 

 

 

 

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Commentaires
L
Mas que je sache...Mais nous avons des légendes profondément enracinées dans les forêts ardennaises et il doit m'en rester quelque chose!....
L
voilà une fée bonne qui a bien fait son travail...<br /> heureusement que le château n'avait plus ses fenêtres, ainsi Violaine a-t-elle pu entendre la complainte du pauvre chevalier.<br /> mais dis-donc, chère Lorraine, n'es-tu pas un peu des pays d'Oc ?
L
les fantômes ne sont pas partout...C'est peut-être mieux?....Bisous.
C
Tu sais, Lorraine, il y à deux ans,je suis allée a un mariage mediéval au Portugal, c'était formidable.<br /> Mais, pas de famtôme,sur les lieux!<br /> J'espère que tu vas bien?<br /> Bisous.
L
J'ai assisté, il y a longtemps, à une présentation médiévale dans la Loire, avec personnages vivants, costumes d'époque, chevaux. C'était très beau. Mais j'ignore si ce folklore historique a résisté au temps. Tu me dit que cela ne marchait pas et que pourtant, maintenant il y a deux spectacles. A des châteaux différents, je suppose? C'est vrai que, quelquefois, le succès couronne une initiative puis c'est comme un feu qui retombe: plus rien!<br /> Bonne journée à toi, Latil
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