CE QUE J'AIME...
Nous
avions tous écrit sur un papier un fait, un personnage ou une attitude
que nous n’aimons pas. Chaque papier plié en deux a été tiré au sort.
Celui que j'ai tiré portait :
« Je n’aime pas les bretelles sur un ventre rebondi et tendu par la bière ».
La consigne consistait à proclamer l’inverse, c’est-à-dire : « J’aime…… ». Voici cet acte de foi...
X
D’accord, un beau garçon bien sanglé dans un short
collant, c’est chouette. Mais il est d’autres extases, plus
voluptueuses, plus secrètement sublimes, dont on parle peu et qui
pourtant déclenchent d’ineffables instant de bonheur.
Je l’avoue tout net : moi, j’aime les bretelles sur un ventre
rebondi et tendu par la bière. Ce bedon accueillant, affalé dans
son fauteuil, m’hypnotise. Attirée, ensorcelée, je le
couve du regard, je lorgne la couleur des bretelles, j’imagine sous la
chemise entrebaillée par la graisse, la peau étirée, rose ou
rougeoyante, le torse velu, la chaleur accueillante,
bref, je défaille.
Si le bedon me sourit, alors je perds les pédales. Je
m’approche, je sens la bière qui s’exhale de l’haleine ravinée,
mes yeux supplient, le bedon comprend. Sa main impériale indique
ses genoux, j’avance, il dit « Allons, fillette, viens » et je me
blottis enfin contre cette masse de chair ragoûtante aux multiples
promesses.
Ne me parlez pas des jeunes gens minces comme des fils de fer.
Seul l’obèse me séduit, plus même, me rend dingue. Lui seul
comble l’insatiable désir des femmes surtout lorsqu’ôtant ses
bretelles, il dévoile enfin ce que nous convoitons toutes : sa
panse.
LORRAINE
P.S.: Je vous en prie, ne prenez pas cet aveu au pied de la lettre...
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