QUAND J'ETAIS UNE PETITE FILLE...
C’était dans les années 50.
J’étais une petite fille et j’ai vraiment passé mon enfance dans d’horribles conditions. C’est à se demander comment j’ai réussi à vivre si longtemps…
En ce temps-là, nous nous promenions en auto sans ceinture
de sécurité ni « air-bags » pour nous protéger. Nos couchettes étaient peintes de couleurs vibrantes au plomb. Il n’y avait pas de couvercles de sécurité sur les bouteilles de médicaments.
Et lorsque nous partions à bicyclette, c’était sans casque, jusqu’en ville, même !Et en été, on buvait l’eau directement au tuyau d’arrosage. Horreur !Pourtant personne n’a jamais été malade.
Une fois, j’ai même bu toute une bouteille d’eau bénite que ma
maman avait soigneusement ramenée de son pélerinage à Lourdes. Ca doit
être pour cela que je suis toujours vivante. Quelle idée de rapporter l’eau sacrée dans une bouteille de Spa !
Mes copains, les garçons de mon quartier ( eh, oui, j’avais déjà
des petits copains !), fabriquaient des petites voitures dans des
caisses à savon avec de vieux patins à roulettes et de vieilles roues
de voiturettes. Et hop, c’était
parti pour de joyeuses descentes. On finissait pleins d’égratignures
dans les buissons parce qu’ils n’avaient pas pensé aux freins ! Mais
qu’est-ce qu’on se marrait !
On mangeait des gâteaux, du pain et du beurre sans pour autant être obèses.
Il
faut dire que nous jouions presque tout le temps dehors. On buvait à 4
ou 5 à la même bouteille. Personne n’est mort, cela a même renforcé nos
immunités ! On n’avait pas de Nintendo, de Playstation, de jeux vidéo, même pas la télé pour certains ou alors juste une ou deux chaînes…Mais on avait des amis.
Et si nous voulions nous voir, tout ce qu’on avait à faire,
c’était sortir et se rendre chez eux, sonner et entrer sans même
demander la permission. Le Gsm n’existait pas.
Comment ai-je survécu dans ce monde cruel ?
Un monde où on devait redoubler de classe quand on n’avait
pas bien assimilé la matière, un monde où l’idée de se faire défendre
par nos parents si nous commettions une bêtise, était impensable, car
eux, étaient toujours du côté de l’autorité. Un monde où personne ne terminait ses primaires sans savoir lire et écrire sans fautes. C’est t’y pas effrayant ?
Cette génération a produit les meilleurs preneurs de risques,
organisateurs et inventeurs. Les dernières 50 années ont été une
explosion d’innovations et d’idées nouvelles. On avait la liberté, le succès mais aussi la responsabilité et les échecs. Le plus important c’est que nous avons appris à vivre et à assumer, avec courage et enthousiasme.
Finalement, j’ai eu de la chance !La
chance de grandir avant que les gouvernements ne se mettent à nous
surprotéger et à réglementer nos vies « pour notre bien », les
enseignants à nous comprendre et les psys à nous consoler.
Annie