JE N'AI PAS LE TEMPS
Alors là, c'est vrai! Dès le matin, nous rongeons notre frein dans les embouteillages, les bus sont en retard, les trains font la grève, les métros assaillis sentent le café froid, les cheveux humides, la friture, on se serre, on se presse, on s'écrase, encore un qui veut monter. Et un!
A la pause, on déjeûne un oeil sur la montre. A la cafétéria, à la cantine, au bistrot-salle-à-manger, au petit resto ou au Grand Restaurant. Quelques privilégiés ont le temps; la plupart ont mal à l'estomac. Et que dire du retour. Tout recommence comme le matin, mais dans l'autre sens.
ET POURTANT
Où trouver le temps d'aller voir sa mère qui habite à dix minutes en voiture; d'écrire une vraie lettre à la cousine dépressive; de téléphoner à l'ami bavard mais désespéré depuis le départ de sa compagne; de passer une heure avec sa grand'mère et de l'écouter parler d'autrefois; d'emmenr les enfants au Parc d'Attraction comme on l'a promis depuis trois mois; de proposer à la voisine qui vient de se casser le bras de faire ses courses en même temps que les nôtres...
D'autres exemples? ils sont légion. Mais dévorés par nos soucis, notre fatigue, un travail qui exige de plus en plus de rigueur et d'efforts, ou au contraire l'absence de travail qui angoisse et détruit nos forces morales, nous oublions que les autres aussi existent. Qu'ils attendent, souvent sans rien dire, ce petit geste d'amitié qui rend confiance en soi et en la vie.
Y penser un instant. Y réfléchir quelques minutes. En prendre conscience vraiment.
Est-ce impossible?
INCARNAT