LE TEMPS VA...
Le temps va...à petits pas, sans rien dire, sans nous alerter. Il va, de son pas tranquille et intransigeant, il avance et nous nous croyons immobiles. Jour après jour, il tisse son destin.
Quelquefois, sur des sites amis, je m’arrête : ici on parle de soi, de soi et encore de soi. Est-ce si important ? Est-il indispensable de s’interroger à longueur d’année sur ce qu’on est , ce qu’on ressent, ce qu’on imagine ? De tourner en rond, finalement. De rester dans l’ornière personnelle, propre à tout être qui n’en fait pas éclater les frontières. Je crois inutile et vaine cette perte d’énergie. A part soi, d’autres existent. Qui s’interroge sur leur sort ?
D’autres fois, je suis saisie aux tripes par un poème qui signe la glissade vers le désespoir profond. Je m’arrête, je dis un mot amical, je tends une main à cet inconnu qui frôle la mort et le sait. Il ne me répondra pas, j’en suis sûre. Les vraies douleurs sont muettes. Les vraies souffrances refusent le partage. Mais au moins, j’espère qu’à me lire l’auteur se sentira moins seul. Et distrait un instant de lui-même, trouvera peut-être la force de lutter.
Les bloggueurs peuvent s’aider. Ils peuvent aussi s’enfoncer ensemble dans un hymne à eux-mêmes, dans des mots répétés et qui sont vides, finalement. Balancer l’encensoir est facile. Se détourner de soi et voir les autres l’est moins.
Et pourtant, le temps va... Il emporte tout, blessures, amour-propre, faiblesses, vanités. J’y ai pensé, aujourd’hui.
INCARNAT
Illustration: Estampe de Claude Monet