LA LIBERTE EN MARCHE

    Non, plus de grappes humaines dans les déserts brûlants
    S’en allant vers la mort  d ‘une étape à une autre
    Plus de régiments âpres où la haine commune
    Déchire l’horizon, écrase les toitures
    Tandis qu’éclate encore le râle convergent
    Où vainqueurs et vaincus mélangent leurs blessures

    Non, plus de monuments aux glorieuses victoires
    Qui déciment l’armée, éventrent les enfants,
    Ecartèlent les femmes et brûlent les églises

    La liberté en marche a mille ans de chagrins
    Cachés sous les décombres du cœur meurtri des veuves
    On la veut, on la traque, on l’assène en discours,
    On monte à la tribune, on agite un drapeau
    Et puis on se retrouve ligotés de rancune, trahis
    Et provoqués pour le prochain bourreau

    Non, ne me parlez pas de liberté en marche
    Je ne crois plus à rien
    Qu’à la fraîcheur du soir quand l’oiseau bleu
    Cisèle un chant pour sa compagne
    Et qu’un porche accueillant
    S’ouvre pour recevoir ceux qui n’ont
    Que leurs mains pour prier,  et leurs larmes


    LORRAINE

Comments

[Lorraine]

Bonjour, Lecouret, rien ne change, tout continue et même s'amplifie. Je suis triste et écoeurée. Et quand j'ouvre le journal, l'exhibition des peoples, leurs frasques, leurs ruptures, leurs amours, leurs fortunes, leurs voyages et leurs photos m'irritent profondément. Le journalisme devient du voyeurisme. Il n'est pas un journal qui y échappe. Ce fut mon métier, je mesure le temps parcouru depuis qu'une "censure" morale évitait l'étalage des corps et des scandales. Depuis qu'il est "interdit d'interdire", où allons-nous?...

[Lorraine]

Votre appréciation me touche, Désirée. Merci d'être venue jusqu'ici me lire et m'encourager!

[Lecouret]

il est vrai qu'après les envolées patriotiques, les mots d'or, les héroïsmes, les trahisons, retombent les passions et les belles idées.
les choses suivent leur cours, comme avant. les mêmes triment, les mêmes font leur beurre.
et beaucoup encensent les "peoples" qui n'ont rien à faire du peuple.
on se replie dans les plis de la toile...
et c'est dangereux...
comme bien cela est dit chez toi.

[Désirée]

Et pourtant...un poème qui sonne comme une charge, une rebellion. Merci, c'est un beau texte, et ils sont rares sur cette toile pourtant vaste.

Amitié Désirée