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ECLATS DE PAROLES
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ECLATS DE PAROLES
16 mars 2010

UN COUPLE

           (Nous devions commencer obligatoirement la consigne par ces mots: “Nous étions dans le salon jaune...” et continuer selon notre inspiration. Voici le résultat)

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  Nous étions dans le salon jaune, lui alangui sur le divan, moi le coeur battant footau fond du fauteuil. Il feuilletait “Le Journal”, le brui des pages froissées m’énervait peu à peu et je me suis écriée:

 “François!”..

 Son sourcil étonné m’a arrêtée un instant. Il me regardait de cet air un peu impérial copié involontairement, je crois, d’Alain Delon dans ses meilleurs jours. Juste assez pour que je me sente lâche, une fois encore. Mais non. J’ai décidé de lui dire, je ne faiblirai pas:

 - François...Je vais te quitter...

 Je l’ai dit tout à trac, pour me débarrasser d’une émotion sinueuse qui me serrait la gorge et risquait de me priver d’arguments. Il a rejeté “Le Journal”:

- Quoi?

 Cette fois, il me regardait, cette fois il m’écoutait. Juste assez pour reprendre son sang-froid:

- Qu’est-ce que c’est ? une plaisanterie?

 - La vérité. Tu ne m’aimes plus et moi, je ne t’aime plus.

 Ses yeux bleus brillaient d’intérêt. Tout à coup, j’étais quelqu’un d’autre. Il lui fallut une seconde pour réaliser:

 - Tu ne m’aimes plus?

 Non, il n’en suffoquait pas, mais je sentais bien qu’il était discrètement vexé. Sans doute ne s’était-il jamais remis en question.

 Je retrouvais peu à peu mon assurance. Devant lui, j’ai toujours été celle qui accepte, comprend...et pardonne.

 J’ai pardonné sa nonchalance, sa façon d’oublier où ranger sa cravate et ses foulards, ses cigarettes et ses clefs de voiture. J’ai pardonné le désordre mais aussi l’égoïsme, le foot tous les mercredis soirs, le Tour de France, Roland Garros et les autres. J’ai pardonné son silence du matin quand il se lève et du soir quand il rentre, le whyski lisant le courrier, le tour dans la cuisine pour soulever le couvercle des casseroles et enfin, son indifférent: “Ca va, toi” quand il a fini l’inspection. J’ai pardonné qu’il n’ait rien à me dire, qu’il n’ait pas souvent envie de moi, qu’il soit seulement animé et disert quand nous recevons des amis. J’ai pardonné qu’il parte en week-end “pour affaires”...

 Et maintenant, j’attends. J’attends à mon tour en silence ce qu’il va me dire, ce qu’il va faire, face à cette importante décision de notre vie: nous quitter...

LORRAINE 

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Commentaires
L
Non, je n'ai pas vécu cette situation; mais j'ai observé dans mon entourage des couples qui se brisaient. Il a suffi de me souvenir!...
L
un bel air de vérité... je ne veux pas dire que tu as connu pareille situation, mais les faits, les sentiments, les attitudes, les non-dits, sont vrais.<br /> une romancière se confirme...
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