LE MORSURES DE L'AUBE
Je n’aime pas l’aube grisâtre des lendemains de fête . Je n’aime pas la fête des noctambules que le mal de vivre emporte vers l’ivresse factice où l’on se côtoie entre semblables.
Non, ce n’est pas la jeunesse qui nous entraine aux excès de musique, de danses saccadées, d’alcools mélangés, de joints dérobés., c’est un besoin intense d’oubli de soi, la négation du bonheur, une forme de désespoir.
Les morsures de l’aube ne brisent que les attardés de la nuit. L’aube est si belle pour ceux qui se lèvent, non pour ceux qui se couchent ; L’aube de tous les éveils, de tous les appels vers la lumière ne connaît ni les nausées, ni les abrutissements, ni les chutes vertigineuses au fond de soi où l’on découvre le néant.
Les promesses de l’aube
appartiennent à ceux qui s’éloignent d’instinct des néons beuglants et des
amours frelatées. Où est le balancier qui nous
départage ? Pourquoi certains vont-ils irrésistiblement vers la lumière
alors que d’autres s’enfoncent dans le charivari des boîtes de nuit d’où ils
ressortent chaque fois un peu plus défaits, un peu plus meurtris, un peu plus
dépravés ?
Le saurons-nous jamais ?
PASSANTE
Illustration: www.monblog.ch