ILS DISENT QUE JE SUIS COQUETTE...
Ils
disent que je suis coquette. Qui, ils ? Eux, les gens. Enfin, surtout les
femmes. Les hommes me trouvent charmante.
L’autre
jour, dans l’ascenseur, je suis descendue avec mon voisin du 4ème. J’habite
au 3ème. Quand je suis
entrée, il a eu l’air non pas
surpris, mais étonné...oui, étonné mais aussi ravi. Vous voyez ce que je veux
dire ? Non, vous ne pouvez pas savoir. En fait, il était très tôt, 6
heures du matin à peu près, et je pensais que tout le monde dormait encore. J’en
ai donc profité pour descendre mes bouteilles vides dans la buanderie. Vite
fait bien fait. Evidemment, j’aurais dû passer un peignoir . Mais il
faisait chaud. Et qui allait imaginer que M. Lajoie sortirait si tôt ? Ma
nuisette était très courte, (une nuisette, c’est toujours court). Et assez
transparente, oui. Mais j’ai dit tout de suite : « Bas les pattes »,
quand il a voulu tâter l’étoffe.
Non,
je ne suis pas coquette. Naturelle, ça oui. Pourquoi voulez-vous que je prenne
un air offusqué quand un passant me suit jusqu’à ma porte ? J’ai l’habitude.
Alors, je ris. Et je lui ferme ma porte au nez. Pas toujours, d’accord. On a ses faiblesses...
Enfin,
coquette, moi ? Plus joyeuse que certaines, en tous cas, qui tirent
soudain la tête si dans une assemblée, je bavarde dans un coin avec leur
copain. C’est vrai que j’ai le rire éclatant, un rire franc, qui résonne et
qui, paraît-il (c’est un soupirant qui me l’a confié) provoque le mâle !
vous vous rendez compte ! Provoquer le mâle, moi !
C’est
eux qui sont dérangés. J’aimerais trouver un compagnon stable. C’est très
difficile. J’ai essayé plusieurs fois. Après trois jours, il est jaloux comme
un tigre. Je suis découragée.moi qui ai toujours rêvé d’une vie paisible...
LORRAINE