LE CANARI ET LE ZEBU
Cette histoire de koala et de hussard m'a rappelé une petite "fable" créée sur un autre blog un soir de fantaisie et de fou rire. OBS
Oyez, oyez, bonnes gens
Cette histoire du fond des temps.
Cela se passait un soir,
A l'heure où les fauves vont boire.
Un zébu allait à pas lents,
Sur la sente, ruminant.
Avant d'atteindre à la mare,
Il aperçut un canari.
Pas un oiseau hilare
Mais un canari tout gris.
"Où as-tu laissé tes couleurs ?
demanda le zébu à l'oiseau.
Est-ce signe de douleur,
Te prends-tu pour un corbeau ?"
"Hélas, répondit, le canari,
Jusqu'hier mon cœur était pris
Par une dame canari.
J'étais vraiment très épris
Mais elle ne l'a pas compris
Et s'en est allée au loin
Avec mon meilleur copain.
J'y ai perdu le goût de vivre
De voler et de rire,
J'y ai laissé mes coloris
Qui font la gloire des canaris.
Et me voilà seul, décoloré,
Bancal, contrit, encoléré.
Dans mes habits de deuil,
Nulle jamais ne m'aimera
Je resterai sur le seuil
Des amours et de leurs sambas."
"Allons, dit le zébu,
L'infidèle ne vaut point ces larmes.
L'amour est un rébus
Pour lequel il faut des armes.
Viens-t-en sur mon large dos,
Tu piqueras les mouchettes.
Nous irons sur mes sabots
Nous ferons mille pirouettes.
L'amitié nous tiendra chaud
Nous protègera de cent maux,
En attendant le retour
De ce qu'on appelle l'amour."
Le canari n'avait d'autre projet.
Il s'embarqua sur l'animal
sans appréhender le rejet
qui, en amour, peut faire si mal.
Les deux compères allèrent par vaux,
par monts, par sentiers et chemins,
sans jamais penser à demain.
Comme de vrais jumeaux,
L'un marchant, l'autre picorant,
Ils firent le tour de la terre,
Visitèrent l'Afrique et l'Iran,
Arrivèrent au bord de la mer.
Le soleil brillait de mille feux.
Soudain le zébu s'exclama:
"Mire-toi dans la flaque au creux
Du rocher noir que voilà.
Regarde-toi, petit frère,
Tu as retrouvé tes couleurs.
Ton or scintille au soleil,
Ton plumage émerveille."
Le canari se regarda: ses plumes
d'un jaune lumineux revivaient.
Il avait oublié les brumes
Qui, autrefois, le visitaient.
L'amitié l'avait réconforté,
Soutenu, renforcé.
Il était à nouveau heureux,
Prêt à séduire, être aimé.
A aimer de son mieux,
Grâce à la solidarité
Du zébu qui, montrant la coupole
D'un ciel bleu azur,
ordonna, dans un murmure,
"Il est temps. Maintenant, vole !"