J'écris en noir

Ce mercredi, à Louvain, ville flamande non loin de Bruxelles.

La Grand-Place, magnifique avec son hôtel de ville en pur style gothique et sa cathédrale St Pierre récemment rénovée, étincelante.

Il fait beau, très beau en ce début septembre.

Et là, devant les marches, je les vois, tout le monde les voit, s'arrête, s'interroge...

Une longue rangée de femmes en noir, debout qui commence à l'entrée de la Place et n'en finit plus de s'allonger.

Une rangée silencieuse de femmes enveloppées de voiles, de longues jupes noires.

Non, pas des islamistes en foulard, toutes des femmes de chez nous, des Belges, des flamandes, des francophones, des bruxelloises, que sais-je ?

Impressionnant ! Surtout ce silence...Et ces femmes, en deuil dirait-on.

A la fin de la longue file, l'une d'elle tend aux passants un feuillet.

Là, je comprends mieux.

Ce sont les " FEMMES EN NOIR", les " WOMEN IN BLACK"...

Une association de femmes contre la guerre et la violence qui a décidé de manifester chaque mercredi, silencieusement, en se tenant par la main devant l'hôtel de ville de Louvain et ce, depuis le 11 novembre 2002.

Jusqu'à la fin de la violence...

Toute violence : conjugale, raciale, politique...

Pour rappeler, pour nous rappeler à tous et toutes la souffrance des femmes au Liban, au Congo, en Afganistan, en Irak et...chez nous.

Pour cela, elles demandent que la Belgique arrête de produire des armes de guerre, que les femmes aient le droit de s'asseoir à la table des négociations pour la paix, elles demandent le respect, le droit à être entendues, écoutées et ce, dans le monde entier.

Voilà pourquoi aujourd'hui, par respect et admiration j'écris en noir.

Amanda

Elles ont un site : http://snellings.telenet.be/womeninblackleuven

Comments

[Amanda]

Merci Pivoine de suivre, eh oui, c'est une lutte de tous les instants.
Et non, Lorraine, c'est autre chose que les suffragettes, plus mûr, plus profond.
Quand la loi autorisant l'avortement est passée en France, on a fustigé Simone Veil qui en était l'auteur et la militante. On lui a reproché de donner la mort, à elle qui l'avait connue de si près dans les camps nazis. Envers et contre tous, elle a continué et..gagné.
Je ne fais pas de politique mais je n'en pense pas moins...
Je crois que si à la prochaine élection, l'Amérique se donnait une présidente, cela serait bien ( en tous cas difficile de faire pire carnage que Bush ! )
Et que si les machos français se retrouvaient avec une femme présidente à l'Elysée, cela leur ferait le plus grand bien.
Et j'admire toutes ces femmes ( en noir ou pas ) qui osent lutter pour elles, pour nous.
Mais oui, Lorraine, un commencement d'écoute, c'est possible, il faut y croire. Pense un peu à toutes ces mères argentines qui ont dénoncé, jour après jour, le massacre de leurs enfants. Aujourd'hui, ce pays s'est démocratisé.
A force de petits pas...

[Pivoine]

Les mouvements de femmes forcent mon respect et mon admiration. Patiemment, depuis si longtemps, elles luttent avec les "armes" qu'elles ne cessent de réinventer. Leurs combats ont porté, dans le passé, et c'est bien de véhiculer celui-ci. Je n'en avais pas entendu parler. Et pourtant, je suis - j'essaie de suivre, l'actualité concernant la violence dans le monde, la violence faite aux femmes, aux enfants, et finalement, aux hommes. C'est une lutte de tous les instants, acharnée, j'y ai apporté ma petite pierre, un jour, en rédigeant un dossier pédagogique (qui dort au fond d'une cave, hélas), "images de la citoyenneté au féminin" (éditions Bruxelles Laïque, 2002-2003). Mais je vais me documenter sur ces "women in black".

Merci Amanda !

[lorraine]

"Les femmes en noir" me font penser aux suffragettes au début du siècle dernier qui manifestaient pour obtenir le droit d'être reconnues. Un autre combat, tout aussi digne, anime "Les Femmes en noir". Mais, seront-elles entendues? Il a fallu un siècle aux premières pour que les femms soient 'admises" dans une société qui reste néanmoins très masculine.

Lutter contre la guerre pacifiquement est admirable. Mais aujourd'hui 11 septembre, peut-on espérer un commencement d'écoute?...

Merci, Annie, de nous avoir parlé de ce combat silencieux.