Les T - T - Vs ( tome 1 )
Certaines catégories de gens font partie des T-T-V (s ), les Tout-Le-Temps-En-Vacances.
Les premiers auxquels tout le monde pense sont bien évidemment les Profs.
Les Profs, je connais… .J’ai été des leurs pendant 30 ans. ( eh, oui ! )
La première réaction enregistrée auprès du commun des mortels était et reste : « Veinard (e ), trois mois de vacances par an, quel pied ! «
Nous suscitons la jalousie, voire l’envie.
Cela ne dure pas !
Très vite, le ton change et se durcit.
Les médecins, les avocats, les acteurs, les gens de télévision, les cadres dynamiques, sont admirés et récompensés. Par un Oscar, une distinction honorifique ou un salaire plus que convenable.
Pas les Profs…
Rêve toujours, Prof, on ne te célébrera jamais !
Les enseignants sont les bonnes à tout faire du monde professionnel.
A la fois, chef d’orchestre, épaule sur laquelle pleurer, agent de la circulation, psy, comédien, fou, arbitre, clown, conseiller d’orientation, mère-sœur-père-frère, critique en tenue vestimentaire…
Il aurait mieux valu qu’il soit aussi flic, en certaines occasions. Au moins il aurait eu une arme pour se défendre…
Car pour se défendre, il ( elle ) est seule. Il ne faut espérer aucune aide du proviseur, de la direction, des collègues qui, tous, sont débordés.
Savez-vous seulement ce que c’est d’entrer à 8h du matin, seul dans une classe d’une vingtaine ( si pas plus ! ) d’ados ? Ou de jeunes enfants de maternelle ?...
Pas d’échappatoire : ils sont là, ils vous attendent au tournant.
Pour eux, vous n’êtes qu’un prof de plus. Et si cela se trouve l’année prochaine, il ne vous auront plus et vous, vous aurez leur sœur, leur cousin et ils se passeront le mot, tous.
Alors, vous avez intérêt à assurer, à vous imposer, à les accrocher. Crier, aboyer est parfaitement inutile. Il faut être prêt à tout, paré à toutes éventualités, à les intéresser par l’humour, les sentiments ou toute autre chose et ne jamais, jamais se relâcher. Malgré la migraine, la nuit blanche, l’indigestion, les soucis familiaux.
Je rêvais d’une école où le prof serait un guide, un mentor, pas un maître.
Quelqu’un aurait dû me dire à quel point j’étais naïve.
Quelqu’un aurait dû me dire que pendant 30 ans, je passerais mes soirées et une partie de mes nuits à corriger des copies, à m’user les yeux sur des scribouillis illisibles et de fausses lettres d’excuses et des directives ministérielles insensées.
Que je passerais une partie de mes vacances à suivre des formations de « recyclage « et le reste à préparer de nouveaux cours ( dont l’effet était encore hypothétique ) et que tous les ans ce serait pareil.
Alors pourquoi avoir continué si longtemps ?
Tout simplement parce que j’aimais ça.
Je dois être maso.
Les jeunes, leurs problèmes, leur spontanéité et surtout la certitude d’avoir été utile, de leur avoir donné le goût d’apprendre une langue. Pari pris mais pas gagné avec tous. Tant pis.
Et tant pis aussi pour tous les week-ends passés à l’école, à peindre, à retaper une classe, à organiser des fancy-fairs et autres repas festifs ( pour y glaner quelques sous que le Gouvernement refusait d’accorder à l’éducation )
Un dernier mot : « Avez-vous seulement la moindre idée du nombre de Profs qui travaillent pendant leurs « vacances » ? Cours de rattrapage, animations de stages, cours de natation, de gym…
Pour mettre du beurre dans les épinards, pour pouvoir aussi de temps en temps partir …en vacances…
Amanda