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ECLATS DE PAROLES
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ECLATS DE PAROLES
30 décembre 2006

LE DAVID DE MICHEL-ANGE


  (D'après une illustration tirée au hasard, nous devions inventer une courte nouvelle. L'image représentait une femme au visage amer, assise sur son lit; par la fenêtre on apercevait les toits de Florence. J'en ai fait ce récit.)    

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      Assise  sur son lit d’hôtel, elle ne regarde rien, sinon son passé.  La bouche marquée d’une ride d’amertume accentue l’angle d’un visage qui a perdu toute jeunesse. Les arches du Pont Vecchio enjambent l’Arno de leur impassible voussure, le dôme de Ste Marie des Fleurs s’arrondit dans la lumière rose,  le matin de Toscane pépie, le ciel entre par la fenêtre et Carla se souvient.

      Elle est dans la Galerie de l’Académie, pour voir le David de Michel-Ange.  Il est là, endavid pleine lumière, superbe, très entouré.  .Carla baisse les yeux : elle a 18 ans.. En 1955, c’est difficile pour une fille d’être jeune et jolie, même devant Michel-Ange, surtout devant Michel-Ange.  Mais Carla cherche dans les yeux de la statue ce qu’elle est venue chercher ici : le regard mesure fermement le Goliath invisible qu’il affronte, son visage décidé a pesé le péril et l’accepte.  David tient d’une main sûre la pierre que lancera la fronde.  Carla  aime la décision et c’est cette décision qui l’a menée seule à Florence, chez une tante qui y demeure.

      Des touristes vont et viennent, elle suit la foule et s’arrête dans une autre salle où Botticelli offre à sa surprise attendrie une toute jeune vierge blonde tenant l’Enfant en un geste d’abandon. A-t-elle vingt ans, cette jeune mère à la fois si enfantine elle-même et si aimante ?  Carla s’attarde.  Comme s’attarde ce visiteur, italien, probablement, qui repart d’un pas mesuré quand elle quitte la salle, puis le musée.

      Est-ce le hasard qui les rassemble à nouveau,  en cette pizzeria où ils sont seuls et que sonnent des cloches à tant d’églises voisines.  Florence a tant de clochers et le jeune homme tant de politesse !  Il est à la table voisine ; il s‘approche courtoisement et: «Puisque nous sommes seuls ici, dit-il, pourquoi ne pas joindre nos solitudes ? ». Et il montre la table où, à deux, ils prendront un rafraîchissement.

      La Carla d’aujourd’hui soupire.  Tonio fut parfait pendant cinq jours,  les cinq jours qui lui restaient avant de rentrer en France.  Il avait tout promis : écrire, venir très vite,  l’épouser, puisqu’il l’aimait !  Il l’aima chaque nuit. Il la conduisit à la gare., l’embrassa avec effusion, disparut dans le lointain.  Un lointain si lointain qu’il n’en revint jamais. Amoureuse, flétrie, désespérée, définitivement  seule, Carla revient aujourd’hui en voyage du 3ème âge dans cette Florence qui vit naître et mourir son seul amour.

        Elle n’ira pas voir le David de Michel-Ange.

 

LORRAINE

Illustration: David - (www.historel.net)

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  Venez aussi nous rejoindre sur "INTERNET-RENCONTRE" (voir lien), un feuilleton où deux blogueurs apprennent à se connaître

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Commentaires
L
La suite? Pour l'instant, je nage un peu, j'arrive à peine à suivre ma visite aux blogs amis et la remise en forme de mes textes! Mais je verrai, Amanda. Toi, tu peux toujours m'envoyer les réflexions de Benjamin, ou un de tes textes de consigne. J'ai gardé les photos de Benjamin et je verrai si je peux les utiliser.<br /> <br /> Bises de Nouvel An!
A
Et bien, Carla a bien tort ! Je suis persuadée qu'elle ferait certainement d'autres rencontres à Florence : les beaux messieurs n'y manquent pas...<br /> Et au vu de son expérience, elle les traiterait d'une toute autre façon.<br /> Elle prendrait sa revanche en quelque sorte...<br /> Tu nous écris la suite ?
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