CHATS
Ma petite chatte funambule se promène, gracieuse, sur l’étroit mur du jardin. Soudain, les yeux fauves aux aguets, elle s’arrête, s’étend, longue et silencieuse dans l’ombre des branches, muscles tendus et prête à bondir : un moineau sautille dans l’herbe drue du jardin. La chatte, oreilles dressées, a tressailli. D’un bond souple, elle disparaît à mes yeux…
Et la revoià, penaude. Son regard féroce est maintenant triste. Mais elle se hâte : la pluie d’été tombe, serrée, sur les roses ouvertes. Assise sur les pattes arrière, doucement, elle introduit son fin museau blanc dans l’entrebaillement de la porte qui s’ouvre.
Dans le salon, étalant son ventre tacheté, son meilleur ennemi dort dans un fauteuil. Rayé de gris, plastronné de blanc, museau et ventre roux, David-le-Chat n’admet pas la promiscuité. Les cabrioles de Swammi troublent ses sommes interminables de vieux garçon. Aussi, souvent se jettent-ils à la face des injures diverses et grognements sourds.
Vive, la chatte est passée sur la pointe de ses pattes élégantes. Et bientôt, dans la tiédeur du crépuscule printanier, correcte et digne sur le tapis rouge, elle ferme ses yeux fendus qui s’éteignent comme des étoiles à l’aube.
LORRAINE