LA MAL AIMEE

Fallait-il que l’amour heurtât encor ma porte
Et m’offrît ses miroirs déformants de toujours ?
Je pensais qu’à jamais l’émotion était morte
Mais elle se faufile en un soudain retour.

Puissè-je n’aimer pas au lieu d’aimer quand même
Celui qui fit de moi la femme renaissante
Dont le bonheur hésite à murmurer « Je t’aime »
Tentant d’être à la fois et l’amie et l’amante !

J’ignorerai les mots qu’on murmure à voix basse
Il ne me viendra voir qu’aux moments imprévus
Où son corps impérieux réclamera sa place
Dans mes bras accueillants dont les espoirs sont tus.

Seul le plaisir des sens le ramène vers moi
L’assaut de son désir se passe de serments,
Et je tairai toujours mon profond désarroi
D’être ou de n’être pas la femme d’un moment.

LORRAINE

Comments

[Lecouret]

Au fil du plaisir de mes lectures, j’apprends, j’ai appris, à mieux te connaître. Souvent dans tes poèmes, les souvenirs ont la saveur des mots délicatesse.
Et, de ci, de là, tu n’es plus seulement poétesse –personne éthérée, confinée dans les douceurs de l’esprit– mais femme, de chair, de passion.
J’ai lu avec bonheur ce poème, pour moi un des plus aboutis.