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ECLATS DE PAROLES
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ECLATS DE PAROLES
6 février 2009

IL N'EST PAS REVENU

       Il n’est pas revenu comme promis, vers 3H. Elise consulte sa montre :  5 H.10.  Il est en retard.  C’est la première fois.  Ou alors,  il téléphone. 


    Elle a déjà enfilé sa robe rouge à volants .  Elle lui va bien,  elle aime le rouge,  si gai,  un peu voyant peut-être mais pimpant,  dansant,  qui fait d’elle vaguement une gitane.  Il aime ses cheveux noirs,  le discret accroche-cœur sur le front et ces anneaux qu’elle porte aux oreilles.  Elle enfilera ses sandales rouges au dernier moment.


    Ce mois de mai 1947 est chaud,  la ville resplendit de soleil soleil_Roiet elle se penche à la fenêtre du salon.  La rue est déserte.  Un samedi,  c’est rare.  Une mouche zézayante tourbillonne et se heurte à la vitre.

    Que fait-il ?  Il n’a pas l’habitude de traîner,  c’est un homme de parole.  Et s’il avait rencontré un copain ?  S’ils échangeaient quelques mots ou même prenaient un pot au comptoir d’un café,  ou non, plutôt à la terrasse ?

    Suis-je bête !  Jamais il ne ferait cela sans m’avertir !  Il sait trop que je m’angoisse.  Il est resté au bureau cet après-midi pour faire plaisir à son patron.  Il fallait terminer la maquette et relire quelques articles.  Mais il sait qu’on nous attend à 7 H. chez son cousin Roger.  Que c’est agaçant !  Je suis sûre que ce n’est pas sa faute… Inutile de m’énerver,  il s’expliquera.  Je vais jouer du piano,  ça m’apaise toujours.  J’aurais aimé être compositeur.  Faire des sons nouveaux me tente.  Mais il dit en riant que je n’y connais rien,  que je devrais écrire plutôt.  Il a peut-être raison .  J’écris volontiers.

    Mais que fait-il ?  S’il n’a pas appelé dans 4 minutes,  je téléphone au bureau.

    - Allo,  M. Beaufays ?  Pardon de vous déranger.  Mon mari est encore chez vous ?
    -Comment ?  A 3 heures,  vous êtes sûr ?
    - Non… Je regrette.  Merci, M. Beaufays.

    La tête lui tourne.  Il est 5 ½ H.  Marc a quitté le journal depuis plus de deux heures…

   jaibesoindetoi2 Elise s’assied,  se relève.  Un verre d’eau.  Non,  inutile de regarder dehors,  il n’y est pas,  d’autres gens circulent. 

    Elise tourne dans la chambre.  Ses mains serrées lui font mal,  sa gorge se déssèche,  elle a peur,  elle a envie de crier,  elle ne pleure pas.  Pourquoi pleurerait-elle ? Rien n’est arrivé.  Tout s’expliquera.  Il va rentrer avec son beau sourire.  Il l’embrassera et à nouveau la paix descendra sur elle.

    Non,  toujours rien.  Le téléphone est chez la voisine,  elle est descendue tantôt pour appeler M. Beaufays.  La voisine avait un air éploré.  Que craint-elle ?  Rien de grave,  sûrement.  Rien de grave…

    On sonne.  Et s’il avait oublié sa clef ?  Elle vole dans les escaliers,  elle ouvre vivement la porte.

    - Un télégramme,  Madame.

    Comme une folle,  elle remonte au 1er. Un étourdissement la terrasse.  Elle va tomber.  Machinalement ses mains se raccrochent au bord de l’évier de cuisine.  A tâtons,  elle ouvre le robinet,  s’asperge le visage d’eau.  Le pli bleu s’ouvre :

    « Hôpital St Pierre.  Mari blessé.  Etat grave.  Venez immédiatement ».

LORRAINE
-
 

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Commentaires
P
mais quand la mort rôde, le calvaire commence! Parce qu'on sait aussi, comme tu le dis, que la vie est fragile, Lecouret.
L
je ne sais pas grand chose de toi, juste quelques bribes, mais là, la réalité sourd de l'émotion contenue, du style, de la précision des faits.<br /> la vie est solide, fragile, si fragile aussi.
P
Votre passage sur mon blog et vos mots me font grand plaisir. Je tiens avant tout à ce partage d'amitié, tout comme vous. Nous avons tellement besoin, tous autant que nous sommes, d'échanger dans la compréhension et une forme de sérénité. La vie est déjà si agressive, que nos blogs au moins soient accueillants! <br /> <br /> Oui, je compe participer au prochain duel. Si je ne me suis pas inscrite aussitôt, c'est que je voulais bien choisir mes personnages, en tenant compte de mes possibilités à les incarner!... J'y suis presque! Dans un joour ou deux, je vous donnerai ma réponse.<br /> <br /> J'ai trouvé l'ambiance du duel très sympathique et pour ma part, je n'ai rien remarqué de contrariant. Mais c'est vous l'organisateur, donc c'est vous qui avez eu de petits ennuis! Je le regrette et puis vous dire, en tous cas, que j'ai apprécié la gestion du duel et le duel lui-même, très amical.<br /> <br /> A bientôt, Pierre. très cordialement.
P
J'ai laissé la fin "ouverte". Mais bien sûr il y a une suite; elle est tout entière dans ma réponse à Lecouret. Et je ne voulais pas l'inclure dans la nouvelle qui aurait été trop longue pour le titre. En fait, j'ai écrit cette nouvelle au cours d'un week-end d'écriture. Le sujet était "L'attente". Et irrésistiblement j'ai repensé à cet accident brutal...Merci, Fabeli, pour ton intérêt amical.
P
...toi aussi tu as pressenti la vérité. Ma réponse à Lecouret est donc pour toi également. Oui, la sérénité rend la vie plus douce, et "protégée" des petits assauts quotidiens qui tentent de nous déséquilibrer. Merci pour ton commentaire amical.
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