ARDENNE
J’ai aimé ce pays ardennais où, l’été, la brise apportait aux lèvres un parfum de bruyère. Les nuits y étaient lentes à venir , savoureuses bleutées. Tout à ‘infini, presque noire, s’arrondissait la masse des bois.
Quelquefois un oiseau attardé pépiait sous ma fenêtre, et j’écoutais son appel jusqu’à l’émotion. Des enfants se hélaient dans les prairies voisines. On les devinait essoufflés d’avoir ri, ivres de boire aux sources, repus des mille murmures de leur campagne natale, puis soudain silencieux ; peut-être parce que, comme une prière, un crapaud entonnait sa monotone cantilène.
L’un après l’autre, les appels se taisaient ; seuls des pas tintaient encore dans le chemin.
Et c’était, immensément, la féerie de la nuit enveloppant la plaine.
LORRAINE