LA RUELLE
Le ciel, au-dessus de l’église, s’étendait bleu, sans horizon. Je m’étais arrêtée au coin d’une ruelle déserte, dans le vieux Bruxelles, et appuyée au mur, les bras croisés derrière moi, j’ai goûté la fraîcheur des pierres contre mes paumes. J’étais là sans raison, sans attente et personne n’aurait pu me rendre heureuse ou triste en cet instant bizarre où me suffisait ma solitude.
Toutes ces vieilles petites maisons cassées, humides, m’apportaient une sorte de bonheur. Elles étaient assises l’une près de l’autre, mal peintes, taiseuses de secrets. Mon ombre dessinait sur les murs comme un croquis échevelé.
Personne n’est passé. Et je suis demeurée au bord de l’impasse tandis que de petits enfants revenant de l’école me dévisageaient avec surprise parce que, perdue dans un songe, je regardais droit devant moi, sans remuer.
LORRAINE