FAUBOURG
Le dimanche, quand je me promène devant les maisons du faubourg, qui ont un jardinet devant, une petite grille et un piano qu’on entend de la rue, j’ai envie e pousser la porte et d’entrer. Je ne dérangerais personne, ni l’enfant dans son berceau ni les dames qui tricotent. J’entrerais dans une pièce où il n’y a personne, et là je lirais le livre qu’un autre a commencé et je regarderais les portraits de famille en me souvenant de ces visages.
S’il y a des porcelaines, je serais curieuse de chaque figurine car je les aime et je m’assiérais dans les fauteuils où quelqu’un à rêvé, pour rêver à mon tour.
Je n’aurais pas peur que l’on me surprenne, je ne serais là que pour vivre un bonheur qui n’est pas le mien, au milieu d’autres tableaux, devant un miroir où je suis différente et en écoutant un piano dont je n’avais jamais entendu le son. Je dirais que j’ai pour les maisons inconnues, les grands couloirs, les portes closes une attirance mystérieuse et si l’on me croit, je partirais en emportant des fleurs.
Voilà à quoi je songe le dimanche dans les faubourgs, quand c’est l’heure du goûter et qu’un rideau frissonne sous une main de femme. Une cloche isolée m’étreint d’une indéfinissable peine et je remonte vers la ville, laissant à leur bonheur quotidien et paisible ces statuettes ignorées, l’escalier qui mène au grenier, de vieux bouquins, un jeune chat…
LORRAINE