LES JOIES DE L'ORDI
Deux messages, trois messages, dix messages... Vous répondez,
vous consacrez le temps qu'il faut à l'amitié, à l'inquiétude, au
quotidien.
"Mais oui, Evelyne, je t'aiderai à trier avant ton
déménagement..."; "Voyons, Marc, qu'est-ce que tu imagines? Nathalie
t'aime, voyons! Tu te ronges encore une fois?..."; "D'accord,
Françoise, à 10 H. demain, je serai là..." . Et vous envoyez.
Enfin, vous essayez d'envoyer! Car le Mail se bloque. Pourquoi?
Vous tentez de comprendre. Vous recommencez. Vous recevez
un menu excédé: "Le Port 25 refuse vos messages. Essayez un autre
serveur"...
Un autre serveur? Parce qu'il y en a plusieurs? Jusqu'ici, vous
naviguiez, tranquille, sur le Net, confiante en ses multiples
capacités. Rien ne pouvait vous arriver. Ou si peu: une
obstination sournoise, soudain, à changer la largeur de la marge.
Une impossibilité tout aussi soudaine à retrouver l'ancienne.
L'apparition saugrenue de deux dames très déshabillées sur l'écran
complaisant. Le refus entêté du blog à s'afficher; son exaspérante
lenteur à ouvrir la page choisie et, quand vous avez bien patienté, son
nonchalant "Délai d'expiration atteint pour cette page". Vous quittez
le blog. Vous allez sur Google; mais là aussi, il y a du grabuge. Vous
cherchez les tableaux de Renoir. On vous aligne aussitôt un nombre
incalculable de peintres en bâtiment répondant à ce nom de famille. La
nervosité vous pique les doigts. Et si vous en profitiez pour fignoler
votre beau texte d'hier? L'enjoliver d'une lettrine? Pas de
chance! La lettrine reste grisée, refuse d'apparaître, alors que toutes
les autres fonctions s'affichent, claires et nettes.
Bon, si je retournais ce matin au Mail? Je clique...Miracle!
Neuf de mes dix messages s'envolent. Il en reste un. Ne me
demandez pas pourquoi. C'est le mail pratique, le rendez-vous à
confirmer.
Heureusement qu'il y a le téléphone!
INCARNAT