Ma collection de poupées (2)
(Et voici ce que la même consigne m'a inspiré. Rien n'est plus amusant que de comparer où l'imagination peut mener les uns et les autres!...)
X
J’ai accepté Sonia au premier regard. Bien foutue, un bandeau
autour du cou ( c’est une pudique), le décolleté jusqu’au nombril,
« son air « rentre-dedans » qui déconcerte. Il me la fallait.
J’ai dit oui tout de suite.
Lola se déhanchait déjà en maillot moulant, la bretelle coquine,
la fesse charnue, la queue de cheval en bataille : parfait ! J’ai hésité
pour Elisabethn son air de pensionnaire mal fagotée, le boléro idiot
sur une jupe informe n’attire guère. Mais, de belles jambes et un
je-ne-sais-quoi dans le regard m’ont finalement décidée.
En vitrine, Réséda impressionne. J’a voulu la voir de près. La
longue jupe agrafée au niveau des hanches par une ceinture à boucle des
mille et une nuits, le dos savamment dénudé, le corsage à peine retenu
par un anneau de tissu bleu font sensation. Son air russe parachève la
séduction. Je l’ai donc ajoutée à ma collection.
J’en ai pour tous les goûts : soirée en boîte, divinité grecque,
bonne fille sans façon, sportive en short, petit matin au réveil, déité
1925. Vous voyez ce que je veux dire. On vient en ami.
Quand on me glisse à voix basse : « Madame Lorraine, Lolita n’est pas
libre ? » on est assuré d’être aussitôt confié aux douces mains de
Charline, si caressante, ou de Suzeraine, royale mais compréhensive.
Mon adresse ? « Aux nuits bleues ».
LORRAINE