Journal intime (2)
Hier
j’abordais le « Journal intime » sur le blog. Quelques remarques jetées
sur le papier et je me rends compte à quel point je fus fragmentaire !
Car si l’écriture ouvre des horizons qui, du moins pendant un temps,
favorisent les confidences, elle véhicule aussi des sursauts, des
craintes d’être reconnus, par ceux-là même qui sont à l’origine du mal
: les proches. Les proches que le hasard peut mettre face à ces
mots où ils se reconnaîtront ; les proches qui ne sortent souvent pas
indemnes de cette confrontation entre le bloggueur et eux. Un incident
fait soudain craindre la découverte. Et l’on voit le bateau du
bloggueur prudent sombrer corps et biens. Il ferme le blog quitte
à en ouvrir un autre plus tard, sous un autre pseudonyme.
Car le blog est aussi une drogue. Celui qui s’y est confié
ressent son absence comme un manque sourd et persistant. Il éprouve
violemment la solitude virtuelle qu’il s’est imposée. Il tourne en rond
sur lui-même, sent couler le temps comme du sable entre ses
doigts et le plus souvent, cherche un autre logo, un autre style et
recommence. Les femmes surtout.
L’homme est
plus sobre. Il vient au blog de temps à autre, quand il a vraiment
quelque chose à dire. Son besoin d’épanchement est moins quotidien et
souvent il le double d’un dérivatif plus général : la photo, le récit
de ses voyages ou celui de sa vie. Il garde plus d’indépendance
envers le lecteur, répond quelquefois aux commentaires, pas toujours.
En quelque sorte, il est plus « libre ». Et certains, plus vite
conscients de la vanité de ce qui n’est pas nécessairement un « échange
» mais devient un « étalage », ferment définitivement le volet.
(A suivre)
LORRAINE