ILS CHANTAIENT...
Trois enfants sont venus jouer devant le banc où, seule, j’étais assise. Tout petits, blonds, ils chantaient faux en se tenant la main, enchaînés pour une ronde inlassable. Au loin, le crépuscule bleuissait le lac.
Les bambins m’ignoraient ; ils avaient les genoux sales des fins de journées dominicales. Le plus jeune est tombé. Il ne riait plus. Ses mèches blondes lui cachaient un œil. J’ai cru qu’il hurlerait. Ses frères, impassibles, dansaient toujours. Il les a rejoints en se frottant la tête, pourquoi, mystère ! je les ai vus plus loin risquer une empoignade, puis fraternellement réunis, courir tout à coup à perdre haleine jusqu’au détour du sentier.
Ils n’étaient pas plus hauts qu’une botte et chantaient faux.
LORRAINE