VENT D'AUTOMNE
Le vent d’automne tournait dans les rues ce matin et nous nous sommes rencontrés. Il m’a emmenée avec lui, me poudrant les cheveux de soleil et m’escortant de feuilles mortes et légères. Nous avons vu des jardins d’école au profond silence ; des maisons derrière l’église gardaient leurs volets clos et jouaient à la province ; émergeant du chemin qui mène au presbytère, de longs peupliers s‘élançaient vers le ciel.
Le vent d’automne a taquiné un mouchoir qui séchait : il en fit un drapeau. Un chat eut des reflets de tigre dans les yeux ; et les femmes aux yeux vert ressemblaient à des chats.
J’ai senti que c’était un jour étrange qui me plairait ; la forêt n'était pas loin et j’ai pensé marcher vers elle ; elle m’aurait sûrement comblée et engloutie. Mais j’ai compté alors tous les fils qui me rattachent au sol, les petites devoirs, le grain de bon sens, les amis qui viennent déjeuner, ma servitude ! Alors je suis rentrée sagement, le vent m’a reconduite à ma porte et comme c’est un monsieur bien, il n’a pas voulu entrer.
Pleine de ses souvenirs, je me suis attablée tout de suite et voici mon billet !
LORRAINE