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ECLATS DE PAROLES
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ECLATS DE PAROLES
11 décembre 2009

LA VISITE

(La consigne  nous invitait à écrire en tenant compte des indication suivantes: une maison vide, un fantôme, une main glisse le long du mur, il fait noir. Voici le résultat)

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J’avais vingt ans, je venais de quitter cette maison que j’aimais et qui noyait sa solitude dans l’obscurité d'un début de printemps frileux. Il faisait froid, un de ces froids qui hurlent à la mort dans les quartiers citadins. Je rentrais du bureau. J’avais un peu mal à l’âme, comme on s’émiette certains soirs brumeux qui ôtent toute espérance. Sur un coup de tête, j’ai pris le chemin de la maison vide. 


 Je la connaissais bien, elle et son réverbère éclairant l’escalier fantomatique. Je ne suis pas peureuse. Donc je suis entrée, j’avais gardé la clef comme une amulette, dites-moi pourquoi ? 


 Sans effort, je suis montée jusqu’au second où j’avais ma chambre-bureau, il n’y a pas si longtemps. Rien. Personne. Le silence. Le bruit maugréé du vent. L’ombre floue de ma silhouette, la porte que j’ouvre. Rien... Rien ? Je tends l’oreille. Non, je rêve. Non, personne ne monte. Non, je n’entends pas vraiment ce frôlement sur le mur comme une main qui effleure. Non...Je ne bouge plus. f_e_clair_lune__wwwJ’attends. Je sais qu’il y a quelqu’un. Quelqu’un d’invisible, une ombre impalpable, un personnage venu d’où ? La main sur le mur effleure toujours, la caresse s’arrête à l’étage où je suis, mon cœur bat...Un imperceptible vertige m’inonde d’une certitude éblouissante : là, dans cette maison vide, quelqu’un vient à moi, quelqu’un d’un autre monde et qui à des choses à me dire... 


 J’ai attendu. Longtemps. L’effleurement a cessé. La visite a pris fin. Je suis redescendue. Oppressée et pourtant heureuse d’un étrange bonheur inconnu. 


 Rentrée chez moi, j’ai machinalement regardé le calendrier : nous étions le 28 mars. Pour beaucoup, cela ne signifie rien. Pour moi, qui l’ai lue avec passion, c’est Virginia Woolf emplissant ses poches de pierres et entrant ce jour de 1941 dans la rivière. Pour toujours. A moins que, ce soir...

 

LORRAINE

Illustration: www.swistools.net  

 

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Commentaires
L
Merci pour cette précision que j'ignorais. Bonne semaine à toi.
L
Virgina Woolf, écrivain Britannique né le 25 Janvier 1882.Le 28 Mars 1941 était un vendredi.<br /> Bonne soirée Latil
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