Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ECLATS DE PAROLES
Publicité
ECLATS DE PAROLES
Derniers commentaires
Archives
ECLATS DE PAROLES
27 janvier 2010

LA SAISON DE L'OUBLI

Lieu imposé: Le chemin de halage sur lequel une silhouette (fille ou garçon) court. Un témoin est le narrateur de ce qu'il voit ou éprouve.

                                           -------------------------------

C’est l’été. Les peupliers du chemin de halage éclaboussent le canal de leur vertige vert. Sur l’autre berge, assis dans l’herbe sous mon chapeau de paille, je suis le vieil homme quotidien , qui s’en vient tuer le temps. Ici, il fait calme. Quelquefois du haut d'un chaland , lourd, tranquille, on me fait « Bonjour », un signe de main, un sourire vague, le chaland passe, il est passé..

  En face, un vélo pédale poussé par le vent. Les cheveux du garçon s’emmêlent, d’ici je vois qu’il est blond, costaud, sans doute ce que les filles appellent aujourd’hui « un beau mec ». Halage_chemin_de_halage2La rectitude du canal me fait mal aux yeux, comme le soleil frisant qui étincelle. Et soudain je la vois : une silhouette fine surgie je ne sais d’où, elle court, elle se presse, elle fait des gestes et elle crie, je crois. Oui, elle crie. Personne ne répond.

  
Le chemin de halage la happe, semble la tirer comme on tire un fardeau, le garçon s’est retourné, elle écarte très haut ses bras frêles, , agite comme des oiseaux ses petites mains vides.

  
Il pédale. Et, j’en jurerais, elle pleure. Il fuit, il s’enfuit, c’est évident, je le vois à son allure qui s’accélère et à la pauvrette qui brusquement, s’arrête, désemparée, désespérée, peut-être ?

  
Je voudrais lui dire que le chagrin ira en s’étiolant, que les larmes perdues ne le feront pas revenir. J’ai fui ainsi, autrefois, sans un mot. J’ai laissé une femme belle et sensible, assez fière pour ne pas m’assaillir ensuite de vains appels. J’étais jeune, j’avais peur de son ascendant, de sa gaîté, de sa force. Plus tard, six ans après, je suis revenu. Elle était plus épanouie encore, elle m’a regardée avec une indifférence qui m’a pétrifié. Moi, je portais son souvenir. Elle, m’avait banni à jamais.

  
De l’autre côté du canal, la jeune fille a fait demi-tour. Pour elle commence la saison de l’oubli.

 

LORRAINE


Publicité
Publicité
Commentaires
L
C'est vrai que les peines de coeur ne s'oublient pas, même si on les enterre. elles refont surface les soirs de mélancolie, comme tu dis si justement, Latil. Bonne journée à toi.
L
Une scéne bien triste,mais qui se répéte parfois: la rupture, on y laisse de l amertume et méme avec les années, les cicatrices restent et les jours de mélancolie, ces souvenirs reviennent a la surface suffisament clairs pour vous serrer le coeur.<br /> Bonne soirée Latil
L
A toi aussi, bon dimanche, chère Christina. Et belles photos sous le léger soleil de ce matin! Bises à toi.
C
Toujours un plaisir de te lire.<br /> Bon dimanche, Lorraine.Bisous.
L
Merci à toi. Oui, le canal a son rôle dans cette histoire somme toute banale: un amour délaissé. Hélas!...
Publicité