QUAND LE BONHEUR TITUBE
J’avais transposé dans un grand pot saturé de terre fraîche, une petite plante qui se mourait et d’un œil anxieux, j’attendis sa résurrection.
Les feuilles lasses se sont redressées et j’eus cet humble plaisir de les voir s’étirer vers la lumière et se gonfler de sève. Chaque matin, je les contemple, éclaboussées d’argent, gracieuse et droites et je me dis que s’il a fallu seulement un peu de soins pour sauver une plante, il suffit bien souvent de quelques attentions pour sauver un amour rabougri, une amitié qui bat de l’aile, le cœur d’un enfant solitaire.
Nous savons nous pencher vers la blessure d’une fleur, mais tournons-nous les yeux vers l’amertume d’un compagnon fatigué ? Il a besoin d’un vrai sourire, non du bonsoir maussade dont on l’accueille quelquefois, quand nous aussi sommes fatiguées. Et ce n’est pas parce que nous avons à grand peine conquis l’ »indépendance » qu’il faut abandonner la compréhension ! Se satisfaire d’être « soi », simplement soi, avec ses humeurs et ses sursauts d’énervement ou de gentillesse, c’est foncer droit dans le mur de l’incompréhension mutuelle.
« Le mariage est une science mais personne ne l’étudie » disait Sophie Arnould. La vie en commun mérite pourtant un effort : celui d’essayer de se comprendre sinon simultanément, du moins à tour de rôle ! Le bonheur est à ce prix.
LORRAINE