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ECLATS DE PAROLES
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ECLATS DE PAROLES
15 juin 2009

VIENS...

   Nous devions écrire une courte nouvelle d’après une photo représentant deux fenêtres à meneaux, dont une entre-baillée. La voici.

 

X

 

     L’horloge indique vingt-deux heures trente mais elle est en avance.  Sœur Agnès sort en courant, comme chaque soir elle ferme la grille du jardin, boucle le cadenas et glisse la clef dans la pochette pendue à sa ceinture.  Le couvent dort. Rien ne bouge. Seule, une veilleuse clignote au bout du couloir.

 

    Le vent d’automne est vigoureux, ce soir. Dans sa chambre étroite, Séverine attend.

 

    Elle l’a vu pour la première fois fin août. Il était debout sur une échelle et repeignait en sifflotant le couloir qui mène à la chapelle. Elle est passée près de lui grille_ouvrag_eles yeux baissés.  Il était beau. Et depuis, il la visite... Pas une vraie visite, non, plutôt une fugitive apparition clandestine : il est là soudain, dans l’encoignure de la porte, entouré d’un halo comme effacé et cependant lumineux. Il sourit, il murmure « Séverine... », elle joint les mains, elle s’affole, il ne peut pas lui parler, elle ne peut pas lui répondre, c’est mal. ..Mais il revient. Tous les soirs, à 10 H.30. Depuis un mois.  Elle l’attend.  Elle est prête.

 

    Ce soir, il est là tout à coup, comme si le vent l’avait déposé, ce vent qui mugit dans le clocher, rampe sous les portes et souffle des mots, des mots qu’elle entend pour la première fois :

 

    « Viens, Séverine, ma petite, ma jolie. Viens avec moi.. Viens,...Viens... »

 

    Alors, sans hésiter, elle le suit.

 

    Le lendemain, le couvent est en effervescence : Séverine a disparu. Aucun indice, aucune effraction, le cadenas est toujours bouclé, sœur Thérèse a toujours la clef dans sa pochette, aucune autre issue possible. Donc, ce n’est pas une fugue. Le mystère est absolu.

 

    Le peintre continue son travail, c’est un homme simple. Quand on lui raconte,  Il hausse les épaules. Pour lui, il n’y a pas de mystère, tout peut s’expliquer.  Il réfléchit un instant puis interroge:

 

    - Sœur Séverine? dit-il enfin, mais... qui est-ce ?..

 

LORRAINE

 

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Commentaires
L
Merci, Lecouret, pour cette appréciation. "Un petit roman" c'est très bien dit. C'est ma concision, justement, qui veut ça!
L
fraîcheur des valeurs éternelles, le peintre les a saisies en un geste d'amour.<br /> toujours aussi superbes de concision, tes petits romans en frémissements.
L
Où est Séverine? Je me le demande aussi, Nhand...Bonne soirée à toi.
N
Et le mystère est total ! Séverine se serait donc envolée avec ce vent automnal...<br /> En tout cas, quel talent, tu nous tiens en haleine jusqu'au dernier mot !!!<br /> Bonne journée, Lorraine,<br /> NH
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