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ECLATS DE PAROLES
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ECLATS DE PAROLES
3 mars 2009

LE DERNIER RENDEZ-VOUS

    (Le sujet de la consigne: écrire un court récit se terminant par la phrase: "Je lui donne solennellement les clefs de la maison". Il fallait inventer l'histoire)    

X

   Le vent chasse les feuilles, les escaliers en sont recouverts, il aurait fallu balayer. Tant pis, de toute façon il n’y a plus rien ici, pas même un balai.  La villa est vide, je la fais visiter vite fait bien fait et...Pourvu qu’il ne soit pas en retard. Il a dit 4 H., il est presque moins dix.  Bon, j’en étais où, assis sur le rebord de la fenêtre ?.. Ah oui, je lisais Musset..

    C’est vrai qu’il me fascine. Je le connais presque par cœur.  Surtout ses « Nuits ».  A quinze ans, la « Nuit de mai » m’enivrait :

    « Poète, prends ton luth et me donne un baiser »...

    Mais maintenant, mon obsession c’est la « Nuit de Décembre » :

    « ...auprès de moi vint s’asseoir
      Un étranger vêtu de noir
      Qui me ressemblait comme un frère »...

    Chaque fois, une délicieuse épouvante me fait frissonner. J’imagine, j’interprète, je tremble : qui est cet homme, ou plutôt ce double, ce reflet de moi-même, cette apparition ?Je me secoue un peu, c’est ridicule d’être impressionné par un poème ! Je me détourne vivement, nerveux. La pièce est vide, la maison est vide, Silhpourquoi suis-je inquiet ? Oui, c’est vrai, le miroir oblong inséré dans la paroi entre deux fenêtres me met mal à l’aise. Et pourtant, l’image qu’il me renvoie , un peu floue peut-être,  c’est bien moi : Luc Sauvage, 35 ans, célibataire, plutôt beau gosse, nanti, instable et qui, sur un coup de tête a fait vider la maison familiale avant de partir au Québec.

    - Pourtant, j’avais promis...non, j’avais juré à mon père de la conserver avec ses tapis, ses lustres, ses collections d’armes, ses tableaux, ses porcelaines et...ses souvenirs Mais quoi ? J’ai besoin d’argent. J’ai magnifiquement monnayé l’affaire d’ailleurs..Ah ! un pas... Mon futur locataire ?

    Derrière moi, une silhouette s’esquisse, je la devine dans le miroir, je me retourne d’un bond... C’est lui « l’étranger vêtu de noir qui me ressemble comme un frère ». Lui ?  Qui, moi ?...Moi!!!

    Ce regard impénétrable c’est le mien, cet air de dandy c’est aussi le mien, ce petit sourire cynique au coin des lèvres, je le reconnais, cette façon d’épousseter son col d’une main machinale et affectée, c’est moi encore...Je veux parler, le prendre par les épaules, le jeter dehors...La terreur me paralyse, je claque des dents...

    Lui non plus ne dit pas un mot. Désinvolte, il se contente de me tendre une main impatiente...La tête me tourne, une sorte de vertige. Lui reste de marbre...

    Alors, anéanti,  je lui donne solennellement les clefs de la maison.

LORRAINE

Illustration: http://reproductions.chapitre.com ("Silhouette d'homme" par Parrocel - 1688-1752)

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Commentaires
L
Je vais mettre un petit texte d'aujourd'hui. Et bientôt, je raconterai comment les choses se déroulent, c'est vrai, peut-être cela intéresse-t-il les lecteurs. j'essaiera de décrire aussi l'ambiance, très amicale et stimulante. Bonne idée, Ptitecoquine!
P
Racontez nous votre journée de l'atelier d'écriture et vos contacts intéressants si vous le voulez bien!
L
je me réjouis d'y retourner. J'espère d'excellentes retrouvailles avec les mots!...et les amis!
P
Bonne journée pour vendredi avec l'atelier d'écriture. Profitez à fond de ce qui sera positif et parlez nous en.
L
que l'entraînement d'écrire y est pour beaucoup, cher Lecouret. Comme journaliste, il fallait tout dire clairement, éviter les longueurs, resserrer le nombre de lignes, illustrer. Bref, on apprend à modérer sa volubilité, j'ai connu d'ailleurs deux ou trois collègues qui abandonnèrent la profession car ils étaient incapables de se restreindre. Or, déjà, on pensait à économiser le nombre de pages. Sans le savoir, on se coule dans un moule, on éprouve en soi le sentiment que "c'est la bonne longueur" et au mot près, on a raison! L'Atelier d'Ecriture y a joint un stimulant à l'imagination. <br /> <br /> Cela dit, je retourne vendredi à l'Atelier que j'avais abandonné pour ennuis de santé en janvier et février. Je suis bien contente!
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