Quelques amis échangent leurs avis sur le monde, la vie, les arts et partagent leur écriture (poésie, textes, billets, nouvelles, écriture de consigne, etc.)
(Pour respecter la consigne, il fallait inventer une histoire regroupant les mots "lampadaire", "chien", "amour". Voici mon hochepot)
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Il
est debout dans son coin. Il rêve. Il n’est plus très jeune, ce lampadaire de
Granny, son abat-jour penche un peu sur le côté, comme un chapeau de jeune
fille, il m’attendrit. Dès que j’arrive, portée par Audrey, je jappe. J’ai
toujours jappé, même si j’ai cinq ans, le bel âge pour une chienne.
-
Alizée, dit ma maîtresse, laisse donc ce lampadaire tranquille !
Elle
n’a rien compris. Elle croit que je suis hargneuse. Non, je suis
plutôt...disons, amoureuse ! Je tourne autour (difficultueusement à cause
de ma petite taille, je dois me
faufiler entre le mur et lui) j’inspecte sa silhouette un peu massive, je m’assieds sur son pied rond,
je tente de lui dire un mot que lui seul comprendra. Du haut de son mètre
soixante, il sourcille, il me toise, mais il m’écoute. Je lui chante mon
dernier tango :
« Tu
es beau comme un réverbère
Tu attires les chiens errants
Tu nous tu répands ta lumière
J’aime aussi ton halo tremblant »
Il
fait le sourd, pourtant je lui dis que ma chanson lui est dédiée. Il grommelle.
Il n’en a que faire. Je module mes jappements, mais il reste là, impavide et
refuse de danser avec moi. Audrey commence à s’énerver et Granny aussi, un peu.
Elle murmure :
-
Qu’est-ce qu’elle a, Alizée, aujourd’hui. Elle n’aurait pas ses
chaleurs ?...
-
Non, Granny, Alizée est stérilisée, tu sais.
La
belle affaire ! Mon
amour pour le lampadaire est pur, rien de charnel entre nous. Quand donc les
humains comprendront-ils qu’il n’y a pas que le sexe : je l’aime, c’est
tout !