LE PETIT VIN DE MOSELLE
En écoutant des airs de danse villageoise, je me souviens de ce jour d’automne luxembourgeois où, attirée par l’écho d’un orchestre musette, je pénétrai dans la guinguette en fête. Des jeunes gens, de belles filles en robes de soie, tournaient, rouges, joyeux, s’interpellant en un langage incompréhensible pour moi.
J’avais un chandail écarlate, des souliers de sport, mais un grand garçon m’entraîna cependant dans la valse. Qu’il était léger, le petit vin de Moselle qu’on buvait par groupes, sans se connaître, dans l’intimité fugitive d’un soir de bal ! Jeunesse franche qui s’en retournait dans la nuit, bras-dessus, bras-dessous, vers les bourgs voisins, je te regrette quelquefois car ton exubérance saine, tes cris et tes rires de jeunes filles éclataient sans détours.
J’ai repris au matin le petit train qui me ramenait vers la ville. Là-bas, l’auberge n’était plus qu’un toit incliné qui disparut et s’effaça, à jamais.
LORRAINE